dimanche 17 mars 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 17 mars)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Lundi 18 mars à 22h

Serment d’amour d'Ahmed Badrakhan (ahdil hawa, 1955)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Mariam Fakhr Eddine (Nadia), Eman (Lily, la sœur de Wahid), Serag Mounir (Bahjat, l’amant de Nadia), Youssef Wahby (le père de Wahid), Mimi Chakib (la mère maquerelle), Zeinab Sedky (la mère de Nadia), Abbas Rahmi (le médecin), Ehsan El Qalaawy (la femme de chambre), Nadia Gamal (danseuse), Lola Abdo (danseuse), Kawthar Shafik (la fleuriste), Abdel Salam El Nabolsi (Ezzat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur de Wahid), Zaki Ibrahim (Cheikh Saleh)
Scénario : Ali Al Rozqani
D’après la Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Musique : Farid Al Atrache (pour le générique, l’Ouverture de La Traviata de Verdi)
Production : les films Farid Al Atrache


Wahid a passé plusieurs années en Italie pour ses études. En plus de ses cours dans une école d’agriculture pour plaire à son père, il a poursuivi sa formation dans ce qui constitue sa vraie passion : la musique. Il est enfin revenu en Egypte et après un court séjour au domaine familial, il s’est rendu au Caire pour prendre un poste dans une compagnie agricole. Chez un vendeur d’instruments de musique, il fait la rencontre de Nadia, une jeune femme dont la beauté l’éblouit. Il l’invite à une soirée où il doit chanter. A son tour, Nadia est sous le charme. Les deux jeunes gens se retrouvent régulièrement pour de courtes excursions. Wahid pense déjà au mariage mais il apprend la terrible vérité sur Nadia : elle est sous la coupe d’une mère maquerelle qui vend les charmes de sa protégée aux plus offrants et l’homme qu’il avait pris pour son père est en fait l’un de ses riches amants…

Notre avis : "La Dame aux Camélias" fut une source d’inspiration pour un grand nombre d’artistes égyptiens*. Togo Mizrahi en 1942 en avait déjà réalisé une adaptation intitulée "Layla" avec Layla Mourad. Cette version d’Ahmed Badrakhan a bien des qualités : elle est plus fidèle à l’œuvre originale que celle de Mizrahi et Mariam Fakhr Eddine a su merveilleusement exprimer tout le tragique de son personnage (Notamment dans l’une des scènes les plus émouvantes du film où Nadia doit affronter le père de Wahid incarné par le grand Youssef Wahbi.). Mais la mise en scène a quelque chose de guindé comme d’ailleurs le jeu de Farid Al Atrache qui d’un bout à l’autre du drame reste impeccablement sanglé dans son costume cravate. Esthétiquement, Ahmed Badrakhan reprend à l’identique les recettes de ses comédies musicales à succès des années quarante, d'où le caractère un peu suranné de ce "Serment d'Amour".

*Rappelons au passage que la sœur de Farid Al Atrache, la chanteuse Asmahan, avait appelé sa fille Camilia en hommage à Greta Garbo qui jouait le rôle principal dans l’adaptation américaine du drame de l’auteur français.


Dimanche 17 mars à 16h

Les Hommes ne vivent qu'une fois de Simon Saleh (El Ensan Yaaesh Mara Wahda, 1981)
avec Adel Imam (Hani), Yousra (Amel), Hatem Zoulfakar (le fiancé d’Amel), Ahmed Abaza (le directeur de l’école du Caire), Shawki Shamekh (le frère d’Hani), Ali Al Sherif (le gardien de l’école), Zein El Ashmawy (docteur Tariq), Badr Nofal (le directeur de la nouvelle école d’Hani), Samia Sami (la mère d’Amel), Ahmed Khamis (le directeur du cabinet du ministre de la santé), Hatem Zulficar (docteur Moataz)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Gamal Salamah


Hani Ali Soltan est professeur d’histoire. Sa vie lui semble vide et sans intérêt. Il passe son temps libre à jouer tout son argent aux cartes. Mais un jour, Hani fait l’objet d’une procédure disciplinaire et il est contraint de muter à Sollum, un petit village à la frontière libyenne, loin de ses amis. Dans le train qui l’emmène vers sa nouvelle affectation, il fait la connaissance d’Amel. Cette jeune femme est médecin et elle aussi se rend à Sollum pour s’y installer. Elle vient de perdre son fiancé dans un accident de voiture et elle se considère comme responsable de cette mort. Elle quitte Le Caire pour refaire sa vie…

Notre avis : Adel Imam et Yousra jouent ensemble pour la première fois en 1978 et ils vont devenir dans la décennie suivante le couple de cinéma le plus célèbre du monde arabe. De film en film, on va les retrouver soit tombant amoureux l’un de l’autre puis s’embrassant, soit se disputant avec vigueur puis s’embrassant. Dans « les Hommes ne Vivent qu’une fois » la partition est clairement romantique : deux exilés solitaires apprennent à se connaître et à s’aimer. Ils se promènent longuement dans la campagne ou sur la plage pour échanger sur leurs conceptions de la vie et de l’amour. Certes le héros a un rival mais il est bien trop odieux pour être dangereux et il y a aussi un criminel à la mine patibulaire mais il est bien trop maladroit au maniement des armes pour représenter une réelle menace. Alors, ça ronronne un peu même si on a toujours plaisir à revoir réunis à l’écran ces deux grands artistes que sont Yousra et Adel Imam.


Samedi 16 mars à 14h

Pardonne-moi mes péchés d'El-Sayed Ziada (aghfir li khatiyati, 1962)

avec Samira Ahmed (Leila), Kamal Al Shennawi (Hussein), Zouzou Madi (la mère d’Hussein), Hassan Hamed (Mountassir, l’ami d’Hussein), Roweda Adnan (Ahlam, la cousine d’Hussein), Fayza Fouad (la fiancée d’Hussein), Ahmed Ghanem (Mazloum, le mari d’Ahlam), Nahed Samir (Oum Khalil), Amal Yousri (Noussah, la maîtresse de Mountassir), Mohamed Shawky (Sharaf), Saïd Khalil (le père de Leila)
Scénario : Aziz Armani et El Sayed Ziada
Musique : Abdul Magid Al-Sharif


Drame. Hussein était resté un célibataire endurci vivant dans une villa cossue avec sa mère jusqu’à ce qu’il rencontre Leila, une jeune ouvrière. Le coup de foudre est immédiat. A partir de là, Hussein change totalement : il renonce à ses soirées arrosées avec ses amis pour se consacrer à son amour tout neuf. Il est bien décidé à épouser celle qu’il considère comme la femme de sa vie.  Un jour, il décide de l’attendre à la sortie de son travail. A peine a-t-elle franchi les grilles de l’usine qu’un homme lui prend le bras et la conduit dans une voiture au volant de laquelle se trouve une second individu. La voiture disparaît. Hussein est ébranlé par ce qu’il vient de voir. Il décide de se rendre chez les parents de Leila pour obtenir des explications. Dans l’appartement familial, il est accueilli par le père qui est ivre mais la jeune femme est absente. En sortant de l’immeuble, Hussein tombe sur l’homme qui attendait Leila à la sortie de son travail. Celui-ci prétend être un cousin. Mais Hussein ne va pas tarder à découvrir la vérité : ce soi-disant cousin est en réalité un proxénète et Leila est l’une des filles qu’il prostitue. Parmi les clients de la jeune femme, il y a Mountassir, l’un des meilleurs amis d’Hussein…


Le film a été censuré à sa sortie. Il n’a pu être présenté au public qu’une fois son titre changé. A l’origine, il s’intitulait « Prends-moi avec ma honte ».

Notre avis : un drame qui aborde avec une franchise rare le problème de la prostitution. Il montre sans détours comment se met en place tout un système dont les premières victimes sont les jeunes filles d’origine modeste. C’est aussi un sévère réquisitoire contre tous ceux qui en sont les bénéficiaires : les proxénètes, les parents qui voient dans l’activité de leurs filles un complément de revenus très appréciable, les jeunes bourgeois qui utilisent ces filles pour agrémenter leurs soirées avant de faire un beau mariage. Samira Ahmed est prodigieusement émouvante et vraie dans le rôle de la jeune prostituée.


Les réalisateurs : Sayed Tantawi (né en 1935)

سيد طنطاوي

Producteur, scénariste et réalisateur, Sayed Tantawi commence sa carrière dans le cinéma en 1959.  Il réalise son premier (mauvais) film en 1965 : Je Renais avec le chanteur Moharam Fouad qui signe aussi le scénario et la musique. Il tournera une quinzaine de films jusqu'au milieu des années quatre-vingt-dix puis il poursuivra son activité à la télévision. On ne trouve rien de bien marquant dans sa filmographie, essentiellement constituée de drames sentimentaux, à part le très sulfureux Chuchotement du Diable (1968).

Un seul film de Sayed Tantawi a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :

Le Chuchotement du Diable (Hamset Al Shaytan, 1969)
avec Marina (Souad), Imad Hamdi (Aziz), Ahmed Ramzy (Sélim), Randa (Doria), Layla Karim (la mère de Sélim), Abdullah Timor (Ehsan)
Ce film libano-égyptien est sorti sous le titre Les Maudits.
Scénario : Abdulaziz Salam
C'est une adaptation très libre du roman de D.H. Lawrence L'Amant de Lady Chatterley (1928).


Aziz est un homme riche et puissant qui vient d’épouser la jeune et jolie Doria. Il possède une grande propriété où il élève des chevaux. Ceux-ci sont soignés par deux garçons d’écurie, Ehsan et Sélim. La mère de ce dernier travaille aussi chez Aziz, comme servante. Sélim est fiancé à Souad, la fille du forgeron.
Un jour, Aziz monte un cheval particulièrement nerveux. L’animal se cabre et le fait tomber. L’homme, blessé, est transporté dans sa chambre. Il souffre terriblement. Le médecin assure qu’il s’en sortira mais la convalescence sera longue. Une chose est certaine : Aziz restera impuissant.
Tandis que son mari passe ses journées dans son lit, Doria s’ennuie. Elle essaie de se rapprocher de Sélim. Celui-ci garde ses distances d’autant plus que Souad est harcelée par Ehsan. Il a même tenté de l’embrasser mais Sélim est accouru à temps et a corrigé son rival. Quand tout le monde dort dans la grande maison, Doria a pris l’habitude de se rendre à l’écurie où Sélim s’est aménagé une petite chambre. Elle l’observe alors qu’il dort torse nu. Une nuit n’y tenant plus, elle se jette sur lui mais le jeune homme repousse ses avances. Ils finissent tout de même par devenir amants, pour la plus grande joie de la mère du jeune homme.

vendredi 1 mars 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 mars)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 15 mars à 22h

Le Passé Inconnu d’Ahmed Salem (El Mady el maghool, 1946)
avec Layla Mourad (Nadia, l’infirmière), Ahmad Salem (Ahmed Alawi), Mohamed Kamel (Idriss, le domestique d’Ahmed), Bishara Wakim (le maître Shobokshi), Amina Nour Eddin (Zouzou, la cousine d’Ahmed), Ahmed Allam (le médecin), Ferdoos Mohamed (la mère de Nadia), El Sayed Bedeir (un parent d’Ahmed), Fathia Fouad (la gitane), Victoria Hobeika (la tante d’Ahmed), Said Abou Bakr (un cousin d’Ahmed), Mohamed Attiah (le fiancé de Zouzou), Abdel Aziz Hamdy (l’oncle Zaher), Nabawya Mostafa (une danseuse), Hagar Hamdy (une danseuse)
Scénario : Ahmed Salem (inspiré des travaux du docteur Charcot)
Dialogues : Badie’ Khairy
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Fawzi, Mohamed Abdel Wahab, Abdel Halim Noweira, Saleh Gawdat, Aboul Seoud Al Ibiary, Galil El Bendary
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Production : Les films Ahmed Salem


Drame. Ahmed Alawi est un homme d'affaires très riche. Un jour il décide de partir en voyage seul vers une destination qu’il veut garder secrète. Le train dans lequel se trouve Ahmed déraille et dans l’accident, il perd connaissance. Il est transporté à l’hôpital où il subit une opération délicate au cerveau. Quand Ahmed recouvre ses esprits, il n’a plus aucun souvenir de sa vie passée. Nadia est la jeune infirmière qui s’occupe de lui. Elle a tout de suite éprouvé de la sympathie pour ce patient amnésique et elle veut l’aider à reconstituer son identité. Elle fait publier une photo d’Ahmed dans le journal pour tenter de retrouver sa famille. Celle-ci n’est guère attristée par la disparition brutale de l’entrepreneur. Au contraire : chacun de ses membres espère bien obtenir la part d’héritage qui lui revient…

Notre avis : la vie d’Ahmed Salem est passionnante, son œuvre cinématographique un peu moins. L’une de ses meilleures réalisations est ce « Passé Inconnu » dont il est aussi le producteur et l’acteur principal. Il tourne ce film en sortant de prison (pour une histoire d’escroquerie à grande échelle, il fut condamné à mort puis totalement blanchi) et on est ébahi de voir comment il a réussi à rassembler autour de lui tant de talents de premier plan dans tous les domaines. On lui pardonnera quelques maladresses et on sera sensible à l’atmosphère poétique dans laquelle baigne ce drame. Cela tient sans doute à la présence magnétique et à la voix sublime de Layla Mourad mais aussi au jeu d’Ahmed Salem, lui-même. On le présente souvent comme un acteur médiocre alors que dans ce film, son interprétation est remarquable par sa modernité : il joue un personnage détaché de tout, maintenant une distance avec tous, presque indifférent aux coups du destin. Dans plusieurs scènes, on a l’impression d’être face à Meursault, le héros de "L’Etranger", le roman d’Albert Camus.


Jeudi 14 mars à 14h

Ça c’est l’amour de Salah Abou Seif (Haza Howa al Hob, 1958)
avec Lobna Abdelaziz (Sharifa), Yehia Chahine (Hussein), Hussein Riad (le père de Sharifa), Mahmoud Azmy (Fouad l’architecte qui était amoureux de Sharifa), Abdel Moneim Ibrahim (Toufik, un ami d’Hussein), Zeinat Olwi (la danseuse lors du second mariage de Sharifa), Mary Moneib (la mère d’Hussein), Omar El Hariri (Bhagat, un ami d’Hussein), Soheir El Baouni (une amie d’Hussein), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharifa)
Scénario et dialogues : Mohamed Kamal Hassan Al Mouhamy
Musique : Fouad El Zahry
Production : Ramses Naguib


Drame. Hussein est un ingénieur qui travaille pour la ville du Caire. Sur le plan des valeurs, il est très conservateur. Il souhaiterait épouser une femme qui n’a jamais connu d’homme avant lui. Il pense avoir trouvé l’épouse idéale en Sharifa, une jeune fille qui réside avec ses parents dans un appartement en face du sien. Souvent, il l’observe de sa fenêtre et elle manifeste toutes les qualités qu’il souhaite trouver chez une femme. Avec l’aide de ses amis, il entre en contact avec Sharifa puis après les tractations traditionnelles entre parents, c’est le mariage. Le jeune couple part en voyage de noce à Fayoum mais le séjour est soudain gâché par une découverte que fait Hussein : il apprend que sa femme avait déjà vécu une première histoire d’amour avant leur rencontre. Il ne supporte pas cette idée. De retour au Caire, il demande le divorce…

Notre avis : comment l’amour finit par triompher de la morale ; à partir d’une histoire bien mince, Salah Abou Seif parvient à capter notre attention et à la garder jusqu’au mot fin. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose, les deux héros étant comme tétanisés par leur malheur commun et leurs proches réduits au statut de spectateurs impuissants. Alors à quoi tient le charme particulier de « Ca, c’est l’amour » ? Sans doute à la beauté incroyable de chaque plan et à l’interprétation toujours juste de ses deux acteurs principaux. Grâce à cela, Salah Abou Seif peut imposer un rythme très lent à son récit et suivre avec une attention et une empathie égales les tourments intérieurs de ses deux héros. Pour preuve du talent du réalisateur, je choisirai, dans la scène de l'hôtel, ce plan rapproché sur les pieds nus de Lobna Abdelaziz et la main de Yehia Chahine, un plan tout simple qui lui permet de suggérer l'ineffable sensualité de la situation : du grand art !
A voir aussi pour une très belle séquence quasi documentaire sur un mariage traditionnel à la campagne dont la frénésie et la crudité bouleversent l’héroïne.


Mercredi 13 mars à 14h

Soir de fête d’Helmy Rafla (Laylat al id, 1949)
avec Ismaël Yassin (Sosso), Shadia (Yasmina), Mahmoud Shoukoko (Shosho), Abdel Hamid Zaki (le propriétaire du théâtre), Farid Shawki (Sharif), Stephan Rosti (Nazih), Hussein Issa (Nadim), Lola Sedky (Lola, la sœur de Nazih, Sharif et Nadim), Nour El-Demirdash (Salah Ezzat, la victime des quatre escrocs), Elias Moaadab (Al-Khawaja Fares), Abd El Fatah El Qosary (Hamouda, propriétaire de la Rose Blanche), Zinat Sedky (la femme d’Hamouda), Hassan Fayek (le père de Salah), Gomaa Edriss (le gardien du théâtre), Monir El Fangary (l’employé du théâtre)
Une histoire d’Anwar Wagdi
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique : Mahmoud Al Sherif, Mohamed El Bakkar
Production : Anwar Wagdi


Comédie. Yasmina et ses deux frères chantent et dansent dans un théâtre. Un soir, le directeur de l’établissement importune plus que de coutume la jeune femme et ses deux frères finissent par intervenir. Ils rossent sans ménagement l’homme indélicat. Ce dernier les met aussitôt à la porte. Les trois artistes n’ont plus qu’à chercher un autre lieu où se produire. C’est alors qu’ils découvrent une annonce publiée dans le journal par le Casino de la Rose Blanche. Le célèbre cabaret recherche des chanteurs. Yasmina se rend à l’adresse indiquée. Malheureusement, elle s’est trompée et elle s’est introduite dans un appartement privé. A peine a-t-elle compris son erreur qu’un groupe de trois hommes et une femme fait son entrée. Yasmina a juste le temps de se cacher. A travers leur conversation, elle devine que ce sont des escrocs qui attendent l’une de leur victime : ils ont bien l’intention de la plumer au jeu. La proie arrive enfin. C’est un jeune homme qui semble doux et honnête. Il est reçu par la femme qui l’accueille seule. Ils se connaissent et ont manifestement de tendres sentiments l’un pour l’autre. Soudain les trois hommes font irruption dans la pièce. Ce sont les frères de la jeune femme et ils feignent l’indignation devant le spectacle de leur sœur dans les bras d’un inconnu. Ils exigent une promesse de mariage pour laver l’honneur de la famille. Le jeune homme accepte aussitôt. Les trois frères convient alors l’amoureux de leur sœur à une partie de poker. Yasmina s’est dissimulée sous la table de jeu et elle s’aperçoit que les trois escrocs trichent afin de dépouiller leur victime. Elle décide d’intervenir…

Notre avis : une comédie musicale enjouée par le spécialiste du genre. Tout le monde chante, tout le monde danse sur un rythme échevelé et avec une énergie inépuisable. Shadia, Ismaël Yassin et Mahmoud Shoukoko forment un trio en parfaite harmonie. Saluons la performance de Shadia : elle n’a alors que dix-huit ans et elle joue à jeu égal avec ses deux partenaires qui en ont vingt de plus. Elias Moadab est désopilant en fantaisiste levantin (on retrouvera son allure et ses expressions plus tard chez l'acteur et chanteur turc Dario Moreno.)


Mardi 12 mars à 18h30

Filles d'aujourd'hui
d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)

avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab

L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Lundi 11 mars à 14h

Un Amour Inoubliable de Saad Arafa (Hub La Ansah, 1963)
avec Nadia Lotfi (Amal Rifat), Imad Hamdy (Sharif, le professeur des Beaux-Arts), Galal Issa (Hussein/Adel), Karima El Sherif (Samira, le modèle), Abdelsalam Mohamed (Hosny), Abdel Khaleq Saleh (Rifat Pacha, le père d’Amal), Abdel Moniem Saudy (le médecin)
Scénario : Amin Youssef Ghorab et Saad Arafa
Musique : 3e mouvement de la Symphonie n°3 de Johannes Brahms, Let's Twist Again de Chubby Checker
Production : Saad Arafa

Drame. Amal est la fille du Pacha Rifat, un propriétaire terrien très puissant. Depuis qu’elle est enfant, elle est amoureuse d’Hussein, un garçon des environs, et maintenant qu’ils sont devenus des jeunes gens, ils souhaitent se marier. Malheureusement le père d’Amal ne veut pas entendre parler de cette union. Face à l’insistance de sa fille, il décide de se débarrasser définitivement du jeune homme. Il engage un tueur et Hussein est abattu alors qu’il avait rendez-vous avec Amal dans la campagne. La jeune fille qui a assisté au meurtre tombe gravement malade, profondément traumatisée. Elle passe plusieurs années dans une clinique et n’en sort qu’à la mort de son père. Elle réside seule dans le domaine familial avec pour seuls compagnons les souvenirs de son grand amour. Elle finit par s’installer au Caire où elle a fait l’acquisition d’une splendide villa conçue et aménagée par le Docteur Sharif, professeur aux Beaux-Arts. Celui-ci va devenir son confident et grâce à lui, elle va retrouver goût à la vie. Un jour alors qu’elle s’est rendue à une exposition de peinture, elle tombe sur un tableau représentant Hussein. Elle a aussitôt cherché à rencontrer l’artiste et elle se retrouve devant le sosie parfait de son bien-aimé assassiné. Elle apprend qu’il s’appelle Adel et qu’il est le frère cadet d’Hussein. De son côté, elle se garde bien de révéler ce qui les rapproche. Elle achète des tableaux au jeune peintre et finit même par se rendre dans son atelier…

Notre avis : un drame bon chic bon genre mêlant peinture, et psychanalyse, ingrédients que l’on retrouve régulièrement dans des films à prétention intellectuelle. On peut aussi y ajouter le thème du double qui parcourt toute l’histoire du cinéma égyptien. Bref rien de nouveau mais l’intérêt du film est ailleurs. « Un Amour Inoubliable » illustre de manière éclatante la fascination qu’a exercé sur de nombreux réalisateurs des années soixante l’actrice Nadia Lotfi. Sa beauté et son élégance ont été à la fois sources d’inspiration mais aussi :injonctions impérieuses de se conformer à un modèle défini une fois pour toutes. C’est ainsi qu’on la retrouve de film en film revêtue de sa petite robe noire à la Jacky Kennedy, avec sa chevelure blonde coiffée en chignon, ses grands yeux tristes (Nadia Lotfy sourit rarement) et son allure gracile de jeune fille de bonne famille. Saad Arafa ne se lasse pas de filmer le visage de sa vedette en gros plan et il est vrai que ces portraits sont magnifiques. Mais on a trop souvent le sentiment que les autres personnages (très peu nombreux d’ailleurs) ne l’intéressent pas vraiment et qu’il ne les utilise que comme faire-valoir de sa jeune actrice, si belle et si douée.

Dimanche 10 mars à 14h

Le Pain Quotidien de Niazi Mostafa (Lukmet el aish, 1960)
avec Salah Zulficar (Mohsen), Maha Sabry (Samia), Adel Khairy (Fathy), Zouzou Madi (Madame Monira, la propriétaire de la pension), Hassan Fayek (le père de Samia), Said Abou Bakr (Basiony, le cousin de Samia), Abdel Halim Khattab (Ghazal, l’ancien gestionnaire du domaine), Houda Tawfiq (Kawthar, la fiancée de Fathy), Salwa Mahmoud (Mabrouka, une paysanne), Abbas Rahmy (le médecin)
Scénario : Abdel Fattah El Sayed, Mostafa Fouad, Niazi Mostafa
Musique de générique : Steve Bretton (Becky)
Production : Les Films du Nouveau Monde (Mostafa Hassan)


Fathy et Moshen sont deux amis sans emploi. Il leur faut trouver de l’argent au plus vite pour payer la pension dans laquelle ils résident. Mohsen tombe sur une petite annonce dans un journal : une entreprise agricole recherche un responsable technique. Il se rend à l’adresse indiquée. En chemin, il sauve une jeune femme qui s’apprêtait à être piétinée par un troupeau de vaches. Ils font connaissance. Elle s’appelle Samia et elle est la fille du propriétaire du domaine où se rend Moshen. Elle est aussitôt tombée amoureuse de son sauveur et elle espère bien qu’il sera embauché. Mohsen passe avec succès les épreuves auxquelles on soumet tous les candidats mais pour obtenir le poste, il doit remplir une dernière condition, être marié. La solution est toute trouvée : Fahti s’habillera en femme et se fera passer pour l’épouse de son compagnon…

Notre avis : une comédie divertissante reposant sur un procédé qui n’est pas bien original : le travestissement de l’un des héros. Cela nous vaut un certain nombre de gags qu’on a déjà vus et qu’on reverra, les auteurs de comédies ne se lassant pas de ce ressort comique depuis la fameuse prestation d’Ismaïl Yassin dans "Mademoiselle Hanafi". Dans notre film, c’est à Adel Khairy* qu’échoit la charge de revêtir la robe et il ne s’en sort pas si mal. Ce « Pain Quotidien » se regarde sans déplaisir, en grande partie grâce à la présence de Maha Sabri, l’une des plus jolies actrices de l’époque, qui joue et chante à ravir.

*Adel Khairy est une figure attachante du monde artistique. Multi diplômé en droit, en économie et en théologie, il choisit la carrière théâtrale au milieu des années cinquante. Il jouera dans une quinzaine de pièces mais dans deux films seulement. Il mourra à l’âge de trente-deux ans.


Samedi 9 mars à 18h30

La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy


Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…

Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grand réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée.


Vendredi 8 mars à 22h

Ne le Dites à Personne d'Henry Barakat (Ma Takulshi la hada, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Samia Gamal (Walaa), Nour Al Hoda (Noussa), Stephan Rosty (Ghazal Bashraf, l’oncle de Noussa), Abdel Salam Al Nabolsi (le professeur de danse), Aziz Othman (Amin Bashraf, le père de Noussa), Omar El Hariri (Nabil, l’amoureux de Noussa), Aïda Kamal (Aïda), Lotfy El Hakim (le producteur), Talaat Alam (le directeur du théâtre), Abdel Moneim Basiony (le présentateur du théâtre), Ali Kamal (Lulu, l’avocat), Alya Fawzy (Fatima, la bonne), Abdel Badih El Arabi (le directeur de l’hôtel), Mahmoud Azmy (l’inspecteur), Ibrahim Fawzy (le professeur de chant)
Scénario et dialogues : Henry Barakat et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mahmoud Fahmy Ibrahim, Ismaïl Abdel Mahin
Production : les Films Farid Al Atrache
Appréciation : 4/5


Comédie musicale. Wahid est un chanteur réputé, propriétaire d’un grand théâtre. Il a une liaison avec Walaa, la danseuse vedette de son établissement. Celle-ci doit s'absenter deux mois pour se produire à Paris et ils ont décidé de se marier à son retour. Mais c’est sans compter la ténacité d’une jeune admiratrice qui est prête à tout pour devenir la femme de Wahid. Cette jeune personne s’appelle Noussa Bashraf. C’est une jeune étudiante en musique et en chant et elle est aussi la fille de l’ancien professeur de Wahid, défenseur sans concession de la tradition musicale. Nabil, un condisciple de Noussa, lui a déclaré sa flamme mais la jeune femme a été catégorique : son cœur appartient à Wahid. Nabil tente de la raisonner en lui démontrant qu’il n’y a aucune chance que ce chanteur célèbre tombe amoureux d’une petite étudiante mais rien n’y fait. Noussa n’a de cesse de poursuivre son idole et elle parvient même à se faire engager dans le spectacle que prépare Wahid. Elle manœuvre si bien que des photos compromettantes finissent par paraître dans la presse. Wahid est bel et bien pris : il doit épouser Noussa, à la plus grande satisfaction de Ghazal, l’oncle de la jeune fille qui nourrit une passion dévorante pour Walaa. C’est alors qu’est annoncé le retour de la danseuse qui n’a pas souhaité renouveler son contrat parisien. Elle est accueillie par Ghazal qui lui apprend sa mauvaise fortune. Pour se venger, Walaa quitte le théâtre de Wahid et annonce ses fiançailles avec Ghazal …

Notre avis : dernier film du couple légendaire du cinéma de l’âge d’or, Samia Gamal et Farid Al Atrache. Le scénario très drôle est signé par l’un des maîtres de la comédie, Abou Al Seoud Al Ebiary. Il est bâti autour d’ un personnage de petite peste joué avec beaucoup de conviction par l’actrice et chanteuse Nour Al Hoda. Les danses de Samia Gamal, toutes aussi belles les unes que les autres, sont comme un dernier feu d’artifice offert au public égyptien. Après le tournage de ce film, la danseuse s’envolera pour les Etats-Unis où elle retrouvera l’homme d’affaires texan qu’elle épousera, pour le meilleur et pour le pire.


Jeudi 7 mars à 14h

Le Voleur et les Chiens de Kamal El Sheikh (El less wal kilab, 1962)
avec Chukry Sarhan (Saïd Mohamed Mahran), Shadia (Noura), Kamal Al Shennawi (Rauf Alwan), Zein El Ashmawy (Alish Sidra, l’ancien complice de Saïd), Salwa Mahmoud (Naboui, la femme de Saïd), Adly Kasseb (Cheikh Alarah), Salah Gaheen (le marhand de vin), Ikram Izou (Sana, la fille de Saïd), Salah Mansour (le compagnon de cellule de Saïd), Samia Mohamed (la voisine de Noura), Fifi Youssef (une prostituée)
Scénario : Sabri Ezzat
D'après un roman de Naguib Mahfouz
Musique : André Ryder
Production : Gamal El Lithy
appréciation :5/5


Adapté de l'un des romans majeurs de Naguib Mahfouz. Une adaptation réalisée à peine un an après la parution du roman.
Saïd est un voleur. Il est marié et a une petite fille. Il ne sait pas qu’Alish, son associé, entretient une liaison avec sa femme. Lors d’un cambriolage, Alish téléphone au commissariat pour dénoncer Saïd. Quand ce dernier sort de la maison, il est accueilli par la police. Les juges le condamnent à cinq années de prison.
Saïd est libéré avant la fin de sa peine pour bonne conduite. Il retourne dans son quartier et se présente au domicile d’Alish et de son ex-femme. Il souhaite revoir sa fille mais celle-ci ne le reconnaît pas et prend peur quand il tente de l’embrasser. Bouleversé, Saïd renonce à faire valoir ses droits paternels. Désormais, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger…

Notre avis : un chef d’œuvre. Un film hors norme, d’une beauté abyssale et d’une densité vertigineuse. Une histoire tragique contée avec une sobriété toute classique mais qui permet au réalisateur d’entrelacer considérations sociales, philosophiques et politiques sur la société égyptienne dix ans après la prise de pouvoir des officiers libres. Que dire de l’interprétation sinon que Chukry Sarhan et Shadia s’affirment ici comme les deux plus grands acteurs de leur génération.


Mercredi 6 mars à 14h

La Matrone d’Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme trop crédule. Cet aspect stéréotypé du film n’altère en rien sa très grande qualité. On aime particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.

 
Mardi 5 mars à 18h30

La Chanson de la Fidélité d'Ibrahim Emara (Lahn el Wafaa, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Galal), Hussein Riad (Allam), Shadia (Siham), Wedad Hamdy (une chanteuse), Zouzou Nabil (Abla Zouzou), Abdel Wareth Asr (un musicien), Hassan El Baroudy (Ali Baba Allah), Zaki Ibrahim (l’oncle d’Allam), Mary Ezz El Din (une chanteuse), Nabil Al Zakzouky (Galal enfant), Hassan Hamed (le directeur de la troupe), Ragaa Youssef (une danseuse), Ellen Diatto (une danseuse), Mohamed Shawki (le cafetier)
Scénario et dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique et chansons : Riad El Sonbati, Mohamed Al Ahmed, Mounir Mourad, Mahmoud Al Sharif, Mohamed Al Mogi, Kamal Al Tawil
Production : Ibrahim Emara


Comédie musicale. Allam est un musicien d’âge mûr qui vit à Alexandrie. Il est seul depuis que sa femme l’a quitté. Son vieil oncle Khaled lui confie Galal, son jeune fils, avant de mourir. Allam se consacre entièrement à l’éducation de l’enfant. Il n’oublie pas pour autant sa carrière artistique. Il décide de s’installer au Caire. Après quelques expériences malheureuses, il finit par être reconnu et il prend la direction d’un grand orchestre. Les années ont passé. Galal est devenu un jeune homme. Il a fait des études de droit mais il est passionné par le chant. Il rejoint l’orchestre de son père adoptif. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Siham, une jeune chanteuse. Les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Le problème, c’est qu’Allam, lui aussi, s’est épris de Siham et rêve de l’épouser…

Notre avis : premier film et premier succès d’Abdel Halim Hafez. De la musique et encore de la musique! Le film comporte six chansons interprétées par le Rossignol Brun (surnom du jeune chanteur) seul ou en duo avec Shadia et c’est à chaque fois le même ravissement. Hussein Riad est prodigieux dans le rôle d’Allam, cet artiste vieillissant et tourmenté qui se montre tour à tour d’une infinie générosité et d’un implacable égoïsme.


Lundi 4 mars à 22h

L’Homme le plus courageux du monde d’Hassan El Seifi (Ashgaa ragel fil alam, 1968)
avec Amin El-Heinedy (Sankar), Abbas Fares (Hajj Hussein, le père de Shakshouka), Shweikar (Shakshouka), Zinat Sedky (Sonia, la mère de Shakshouka), Nagwa Fouad (la danseuse), Mohamed Reda (le riche boucher), Tawfik El Deken (Sabi le garçon boucher), Fifi Youssef (Ratiba, la mère de Fatakat), Soheir Al Baroni (Fatakat, la fille du directeur), Abdel Moneim Madbouli (le directeur de l’école), Khadiga Mahmoud (une amie de Shakshouka), Zeinat Olwi (une danseuse), Mohamed Taha (un chanteur), George Sedhom (Coucou), Abdul Moneim Abdul Rahman (le vendeur de journaux)
Scénario : Anwar Abdallah et Hassan El Seifi
Musique : Saïd Mekawi, Mohamed Taha et Mohamed Almogy
Production : Hassan El Seifi


Comédie. Sankar est un modeste professeur, peu courageux et mal voyant. Il est amoureux de Shakshouka, une de ses élèves, et il a le bonheur d'être aimé en retour. Malheureusement, le père de la jeune fille rejette toute idée de mariage car il a déjà choisi son futur gendre. Un jour, Sankar perd ses lunettes dans la rue et il se retrouve nez à nez avec un lion qui vient de s'échapper du zoo. Sa vue est si basse que l'enseignant confond le fauve avec un mouton. Inconscient du danger, il enferme l’animal dans l’échoppe d’un boucher. Il ne sait pas qu'il vient ainsi de rendre un service inestimable à la police locale. Désormais, il passe aux yeux de tous pour un héros...

Notre avis : une comédie « vociférante » : c’est à qui braillera le plus fort. En cette fin des années soixante, la tendance chez les comiques est à la voix de canard. Amin EL Heinedy y excelle, hélas ! (son collègue Mohamed Awad est un autre représentant éminent de ce « style vocal ».) On a l’impression d’assister à une très mauvaise pièce de théâtre. Comment a-t-on pu rassembler un si grand nombre d’acteurs et d’actrices de premier plan pour un tel nanar ? Le personnage insupportable joué par Soheir Al Baroni (la fille du directeur) symbolise à lui seul l’esprit de cette comédie.


Dimanche 3 mars à 14h

Hassan et Nayma d'Henry Barakat (1959)
avec Muharam Fouad (Hassan), Soad Hosny (Naïma), Wedad Hamdy (Fatima), Hassan El Baroudy (l’oncle Abdulaq), Mahmoud El Sabba (Atwa, le cousin de Naïma), Hussein Assar (Metwali, le père de Naïma), Naïma Wasfi (mère d’Hassan), Lotfy El Hakim (le maire), Layla Fahmy (servante), Neimat Mokhtar (danseuse), Mohamed Tawfik (Ibn Sabiha), Abdelalim Khattab (Cheikh Abdoul Basit), Ibrahim Saafan (Kamal Abou Hussein)
d’après un récit d’Abdel Rahman El Khamisy
Scénario : Henry Barakat et Abdel Rahman El Khamisy
Musique et chansons : Mohamed Abdel Wahab, Morsi Gamil Aziz, André Ryder, Mohamed Al Mogi, Abdel Rahman El Khamisy
Production : Les Films Abdel Wahab et Henry Barakat
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Drame. Metwaly est un riche paysan qui ne pense qu’à accroître sa fortune et agrandir son domaine. Sa fille Naïma est tombée amoureuse d’un jeune chanteur du nom d’Hassan. Régulièrement, ils se retrouvent en cachette et se promettent l’un à l’autre. Malheureusement Metwaly a d’autres projets pour sa fille. Il souhaite qu’elle épouse Atwa, un cousin. Cet homme n’a rien d’aimable et il a demandé la main de Naïma uniquement pour devenir le propriétaire des terres de son oncle. Metwaly pour se débarrasser du jeune amoureux de sa fille décide de précipiter la date du mariage. Naïma ne peut l’accepter : elle s’enfuit et trouve refuge chez la mère d’Hassan. Mais on la retrouve bien vite et elle doit retourner chez son père…

C'est le premier film de Soad Hosny. Elle a seize ans.

Notre avis : un Roméo et Juliette égyptien mais qui, à l’inverse de son modèle britannique, se termine bien. Une histoire d’amour parfois émouvante même si on pourra regretter le jeu un peu mièvre de la toute jeune Soad Hosny. Pour nous, l’intérêt principal du film repose essentiellement sur sa peinture très réaliste des mœurs rurales de l’époque. Une bande originale somptueuse due à la collaboration de trois grands compositeurs.


Samedi 2 mars à 14h

Wedad de Fritz Kramp (1936)
avec Oum Kalthoum (Wedad), Ahmed Alam (Baher), Ahmed Al Badawy (Cheikh Badar), Menassa Fahmy (Cheikh Radouan), Fattouh Nashaty (Saïd), Kouka (Shahd), Mahmoud El Meleigy (le messager), Mokhtar Othman (Mansour, le serviteur de Baher), Mohamed Youssef (le tailleur), Hassan El Baroudi (Yazdi), Ibrahim Emara (le professeur), Alfred Haddad (le marchand syrien), Fouad Selim (le médecin), Ibrahim El Gazzar (le mendiant)
Histoire : Ahmed Rami
Scénario : Ahmed Badrakhan
Musique : Mohammed Al-Qasabji, Zakaria Ahmed, Riad El Sonbati
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Wedad est le premier film produit par les studios Misr.


Baher est un riche marchand qui vit une belle histoire d’amour avec son esclave, Wedad. Celle-ci a une voix unique et elle chante souvent pour le plaisir de son maître et de ses invités. Le bonheur des deux amants serait resté sans nuage si un jour, le pillage de l’une de ses caravanes n'avait pas conduit Baher à la faillite. Pour qu’il puisse rembourser ses créanciers, le marchand revend son palais et s’installe dans une modeste maison avec Wedad et ses deux fidèles serviteurs, Mansour et Shahd. Un marchand du Levant propose à Baher de reprendre ses activités commerciales : il lui propose de lui fournir les marchandises à crédit contre un acompte de 500 guinées. Mais Baher ne dispose pas de cette somme. Wedad lui suggère de la vendre au marché aux esclaves. Grâce à sa voix d’or, elle pourra être vendue un bon prix. Baher finit par se résoudre à se séparer de son esclave préférée. C’est ainsi que Wedad est achetée par un vieillard fortuné qui l’emporte dans son pays…

Notre avis : un pur enchantement. A l'écriture, le grand poète Ahmed Rami ; à la musique, le génial Mohamed Al  Qasabji ; au chant, la diva Oum Kalthoum et à la caméra, le mystérieux Fritz Kramp (Ce cinéaste allemand réalisera deux films en Egypte, deux chefs d'oeuvre puis il disparaîtra, englouti par la seconde guerre mondiale). Avec une telle équipe, était-il possible de réaliser un film médiocre ? La réponse est non. 


Vendredi 1er mars à 16h

Le Puits de la Trahison d’Ali Abdel Khalek (Bir El-Khyana, 1987)
avec Nour El Sherif (Jaber Abdel Ghaffar), Ezzat Al Alaily (colonel Ahmed Ezzat), Dalal Abdel Aziz (Ghazala, la femme de Jaber), Hoda Ramzi (Bossi, la secrétaire, agent du Mossad), Abdel Aziz Makhyoun (officier du Mossad), Ahmed Loxer (un dirigeant du Mossad), Marwa Al Khatib (employée du Mossad à Rome), Hosny Abdul Jalil (sergent dans l’armée égyptienne), Mohamed Abu Hashish (Maître Anwar), Tamer Ashraf (Khamis, le fils de Jaber), Ibrahim Masoud (directeur du renseignement égyptien), Ahmed Al Adal (le beau-frère de Ghazala)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Mohamed Ali Soliman
Production : Saad Chahab


Jaber est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une misérable baraque avec son fils et sa femme. Pour nourrir sa famille, il erre sur le port d’Alexandrie à la recherche de quelques sous ou d’un peu de nourriture. La plupart du temps, il vole, ce qui révulse sa femme. La police finit par l’arrêter. C’est ainsi qu’on découvre qu’il n’a jamais accompli son service militaire. Il est aussitôt affecté dans la marine. Jaber n’y reste pas longtemps. Il déserte et part pour l’Italie avec un faux passeport. Il s’installe à Rome dans un petit hôtel mais ne trouve aucun travail. Il erre dans les rues de la capitale italienne et pour gagner un peu d’argent, il organise des parties de bonneteau. Il est rapidement repéré par la police qui tente de l’interpeller. Il fuit et trouve refuge à l’ambassade d’Israël. Il ne se doute pas encore qu’il vient de faire son premier pas sur le chemin de la trahison au profit d’une puissance ennemie…

Notre avis : l’égyptien qui trahit son pays pour devenir un espion à la solde des services secrets israéliens est un thème rebattu du cinéma des années soixante-dix, quatre-vingt. Ce "Puits de la Trahison" l’exploite de manière très conventionnelle, il s’agit avant tout de faire oeuvre patriotique pour l'édification des foules. Aucun suspens, un dénouement hautement prévisible et une esthétique de téléfilm insipide.



Les réalisateurs : Mohamed El Naggar (1954-2019)

محمد النجار

Mohamed El Naggar est diplômé de l’Institut supérieur du cinéma et il débute sa carrière dans l’industrie cinématographique en 1978. Pendant dix ans, il sera assistant réalisateur auprès de grands cinéastes de l’époque. Il réalise enfin son premier film en 1987, Le Temps de Hatem Zahran avec Nour El Sherif et Boussy, un drame social qui rencontrera un grand succès auprès du public. Il tourne une dizaine de films pour le cinéma mais travaille aussi beaucoup pour la télévision. Le succès sera souvent au rendez-vous et il collectionnera les prix et les distinctions honorifiques. Il met fin à sa carrière en 2017.


Un seul film de Mohamed El Naggar a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :

Le Cri (Al Sarkha, 1991)
avec Nour El Sherif (Omar), Abdel Hafez El Tetawy (Mahmoud, le père d’Omar), Nahla Salama (Mazouza), Othman El Hamamsi (Salem, le père de Mazouza), Abdel Rahim Hassan (Fouad, l’ami d’Omar), Wafaa El Hakim (l’institutrice), Maaly Zayed (Mahmoudi), Ahmed Abou Abiya (Moussa), Amal El Sawy (Wafaa), Abir El Saghir (Fikriya)
Scénario : Karam El Naggar
Musique : Rageh Daoud
Production : Al Arham


Omar est un jeune homme sourd et muet qui vit seul avec son père, un modeste employé des chemins de fer. Dans le quartier, c’est une figure familière et il gagne quelques sous en travaillant pour un carrossier. Le père d’Omar ne s’est jamais résolu à l’handicap de son fils et ils ont consulté les plus grands spécialistes. Malheureusement, à chaque fois, leur verdict fut sans appel : la surdité du jeune homme est irrémédiable. Depuis un certain temps, Omar est amoureux d’une jeune fille, Mazouza. Un jour, il ose même lui proposer le mariage mais celle-ci rejette l’offre de manière méprisante. Dépité, Omar rentre chez lui et découvre le corps de son père gisant au sol : il est mort. Après l’enterrement, le jeune orphelin est expulsé de son logement qui appartient à la compagnie pour laquelle travaillait son père. Heureusement, il peut compter sur l’aide de son ami Fouad qui souffre du même handicap que lui. Ce dernier le conduit à l’institut des sourds-muets et le présente à deux responsables de l’établissement…

vendredi 16 février 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 29 février)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 29 février à 14h

L'épouse n°13 de Fateen Abdel Wahab (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962)
avec Rushdy Abaza (Mourad), Shadia (Aïda), Abdel Moneim Ibrahim (Ibrahim, l’ami de Mourad), Shwikar (Karima, l’ancienne fiancée de Mourad), Hassan Fayek (le père d’Aïda), Shihab Nassim (Kamal), Zeinat Olwi (Nani), Wedad Hamdy, Zeinab Sedky (la mère de Mourad), Mahmoud Lotfi (Abdel Ghafour), Helen (Sonia), Ahmed Amer (le directeur de l’hôtel)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary et Ali El-Zorkani
Inspiré des Mille et Une Nuits (la relation entre les deux personnages principaux est calquée sur celle unissant le sultan Shahryar et Shéhérazade)
Musique : Fouad El Zahry
Production : Gamal El Leithy Films
Anecdote : la voiture dans laquelle ont pris place Rushdy Abaza et Shadia pour la chanson « Dans un Nid d’Amour » est une splendide Cadillac qui appartient à l’acteur.
appréciation : 3/5


Comédie. Mourad est un homme d’affaires qui dirige une usine de textile. C’est aussi un véritable Dom Juan. A Alexandrie, il rencontre Aïda, fille d’un ancien ministre. Il entreprend de la séduire mais celle-ci résiste à ses assauts répétés. Il décide alors de s’attirer les bonnes grâces du père : il l’aide à régler de petites dettes, l’invite au restaurant et lui demande la main de sa fille. Mourad a bien l’intention de divorcer aussitôt qu’il aura obtenu les faveurs de la belle. Aïda ne pouvant lutter contre la coalition formée par son père et son amoureux, finit par accepter le mariage. A peine mariée, elle a la visite de Karima, une ancienne épouse de Mourad qui lui apprend qu’elle est la treizième jeune femme à convoler avec celui-ci.

Notre avis : L’un des films les plus célèbres de Fateen Abdel Wahab, une comédie féministe menée tambour battant par Shadia et son compère Rushdy Abaza. « L’Epouse n°13 » représenta l’Egypte au Festival de Berlin de 1962 où il fut ovationné. Rushdy Abaza rata de peu le prix d’interprétation masculine qui revint à James Stewart (La concurrence était rude !)


Mercredi 28 février à 16h

Le Cri de Mohamed El Naggar (Al Sarkha, 1991)
avec Nour El Sherif (Omar), Abdel Hafez El Tetawy (Mahmoud, le père d’Omar), Nahla Salama (Mazouza), Othman El Hamamsi (Salem, le père de Mazouza), Abdel Rahim Hassan (Fouad, l’ami d’Omar), Wafaa El Hakim (l’institutrice), Maaly Zayed (Mahmoudi), Ahmed Abou Abiya (Moussa), Amal El Sawy (Wafaa), Abir El Saghir (Fikriya)
Scénario : Karam El Naggar
Musique : Rageh Daoud
Production : Al Arham


Omar est un jeune homme sourd et muet qui vit seul avec son père, un modeste employé des chemins de fer. Dans le quartier, c’est une figure familière et il gagne quelques sous en travaillant pour un carrossier. Le père d’Omar ne s’est jamais résolu à l’handicap de son fils et ils ont consulté les plus grands spécialistes. Malheureusement, à chaque fois, leur verdict fut sans appel : la surdité du jeune homme est irrémédiable. Depuis un certain temps, Omar est amoureux d’une jeune fille, Mazouza. Un jour, il ose même lui proposer le mariage mais celle-ci rejette l’offre de manière méprisante. Dépité, Omar rentre chez lui et découvre le corps de son père gisant au sol : il est mort. Après l’enterrement, le jeune orphelin est expulsé de son logement qui appartient à la compagnie pour laquelle travaillait son père. Heureusement, il peut compter sur l’aide de son ami Fouad qui souffre du même handicap que lui. Ce dernier le conduit à l’institut des sourds-muets et le présente à deux responsables de l’établissement…

Notre avis : les films sur les sourds-muets sont rares et on ne peut que louer Mohamed El Naggar d’avoir voulu nous montrer sans préchiprécha larmoyant toutes les difficultés que ceux-ci rencontrent au quotidien. Une œuvre brute qui doit beaucoup à l’interprétation très « actor studio » de Nour El Sherif. Certains pourront déplorer le caractère un peu misogyne du scénario : toutes les femmes que rencontrent Omar, à l’exception d’une seule, se révèlent tout à la fois cupides, dépravées et menteuses. Un dénouement curieux copié sur celui de « Freaks », le film de Todd Browning (1932).


Mardi 27 février à 18h30

C'est Moi l'Amour d'Henry Barakat (Ana Al Hob, 1954)
avec Mohsen Sarhan (Nagy), Shadia (Olfat), Yehia Chahine (Mourad, le cousin de Nagy), Hussein Riad (Amin Azmi), Mona Fouad, Zahrat Al Oula (Hoda, l’amie d’Olfat), Zaki Al Harami (le père d’Olfat), Zaki Ibrahim (le médecin), Mona Fouad (Linda), Zinat Sedky (la présidente de l’association féministe)
Scénario : Ibrahim Al Wardani et Henry Barakat
Musique : Abdel Aziz Mohamed
Production : Mohsen Sarhan
appréciation : 4/5


Drame sentimental. Nagy est un jeune ingénieur qui revient à Alexandrie, sa ville natale, après six ans passés à l’étranger. En flânant sur la corniche de la cité balnéaire il fait la rencontre d’une jeune femme, Olfat. Ils se revoient à plusieurs reprises et progressivement l’amour naît entre eux. Malheureusement Olfat disparaît brutalement sans aucune explication. Nagy est au désespoir : sa bien-aimée ne lui a laissé ni son nom ni son adresse. Entretemps, il a été embauché dans une grande entreprise d’Alexandrie. Celle-ci appartient à Amin Azmi, un industriel, ami des parents de Nagy. C’est grâce à lui qu’il a pu faire ses études à l’étranger après la mort de son père. Mais un jour, le jeune ingénieur découvre le portrait de sa bien-aimée posé sur le bureau d’Amin. Il est persuadé que c’est sa fille mais il découvre très vite que c’est en réalité sa femme.

Notre avis : "Je suis l’Amour" est un drame de facture classique qui est un peu à l’image de son réalisateur : sensible et élégant, ne tombant jamais dans l’outrance malgré le caractère scabreux du sujet. Un père qui épouse sa fille pour qu’elle échappe à un mariage forcé, avouons que ce n’est pas banal et qu’il faut avoir bien du talent pour faire un bon film avec un scénario pareil. Heureusement, Henry Barakat n’en manque pas et il nous offre une œuvre légère et lumineuse nimbée de mélancolie, très loin du mélodrame lourdaud que l’on pouvait craindre. Henry Barakat, c’est le Douglas Sirk du cinéma arabe.


Lundi 26 février à 18h30

Une Histoire de Minuit d’Issa Karama ( Hikayat nasi allayl, 1964)

avec Stephan Rosty (Shaker Mounir), Imad Hamdy (Mahmoud Sami l’enquêteur), Rawheya Khaled (Dawlat Hanem, la sœur de Shaker), Tawfiq El Deqen (Gharib, le serviteur), Zizi El Badrawi (Mona, la fille de Shaker), Youssef Shabaan (Kamal, l’amoureux de Mona), Samir Sabri (Taher, le neveu de Shaker), Ihsan Sharif (Samiha Hanem, la femme de Shaker), Nagwa Fouad (Ibtisem, la secrétaire), Mamdouh Sadiq (Sami Mounir, frère de Shadek), Ahmed Morsi (l’inspecteur adjoint)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Production : Sayed Sarhan
Stephan Rosty meurt à la fin du tournage. Il avait 73 ans.


Le film s’ouvre avec la scène du crime : Shaker Mounir est à son bureau au milieu de la nuit. Il consulte des documents quand soudain un inconnu s’ introduit dans la pièce et l’étrangle. L’assassin s’enfuit après avoir fouillé dans le coffre-fort de sa victime.
Retour en arrière, quelque temps avant ce drame. On apprend que Shaker Mounir est un homme fortuné qui se consacre à la littérature. Il vit dans une villa cossue avec Samiha, sa femme qui est souffrante et qui ne se déplace qu’en fauteuil roulant, ainsi qu’avec sa fille Mona et sa sœur, qui, à plus de cinquante ans, est restée célibataire. Avec sa femme et sa sœur, les relations sont tendues : la première lui reproche de la délaisser et la seconde de garder pour lui tout l’argent de leur héritage. Ce jour-là, Shaker reçoit une jeune femme qui est venue en réponse à la petite annonce qu’il a fait paraître dans les journaux pour trouver une secrétaire. L’inconnue s’appelle Ibtisem et elle est tout à fait au goût du maître de maison. Comme il se doit, son épouse est plus réservée. Ibtisem fait la connaissance de Mona, la fille de Shaker. Les deux jeunes femmes sympathisent aussitôt et elles se rendent ensemble au club de tennis que fréquente Mona. Elles y retrouvent Taher, le cousin de cette dernière avec qui elle est quasiment fiancée. Mais un nouveau membre vient d’arriver au club. Il est très séduisant et Mona est troublée par le regard qu’il lui lance. Pendant ce temps-là, Shaker reçoit son frère, le père de Taher. Celui-ci déjà très endetté, est encore venu demander de l’argent. Shaker accepte de lui en prêter. Il lui fait signer une reconnaissance de dette qu’il range aussitôt dans le coffre-fort.

Notre avis : un film policier réalisé par un cinéaste surtout connu pour ses comédies grand public. On sent une certaine maladresse dans la narration : pour chaque suspect, les auteurs multiplient de manière appuyée les indices de culpabilité ce qui aux yeux du spectateur, même moyennement malin, l'innocente aussitôt. Une mention spéciale à Tawfiq El Deken qui pendant tout le film arbore le rictus inquiétant du psychopathe (Evidemment, c’e n’est pas lui le coupable !). Bref, on est plus proche du Cluedo que d’Agatha Christie !


Dimanche 25 février à 18h30

Cherche Femme de Toute Urgence de Mahmoud Farid (Matlub Zawja Fawran, 1964)
avec Farid Shawqy (Helmy), Mahmoud El Meleigy (Marzouk), Layla Taher (Soad, la fiancée de Marzouk), Mohamed Reda (Sayed Abdel Latif, un riche commerçant), El Deif Ahmed (Othman, le domestique d’Helmy), Kamel Anwar (le chauffeur de taxi), Mimi Gamal (Mimi),Karima El Sherif (Karima), Mohamed Shawky (le mathoum), Fathya Abdul Ghani (Oum Aziza), Layla Hamdy (Sonia), Soheir Zaky (la danseuse Waza), Sayed Ghoneim (le barman), Kamal El Zeiny (Salah, chef d’entreprise et ancien camarade de classe d’Helmy)
Scénario : Mohamed Abu Youssef, Abdel Hay Adib, Jon Gabriel


Helmy est un jeune homme qui mène grande vie grâce à un héritage. Il ne travaille pas et dilapide tout son argent avec les femmes et aux courses. Il réside dans un luxueux duplex dont s’occupe son domestique, le fidèle Othman. Toutes ses conquêtes féminines souhaiteraient qu’il les épouse mais Helmy a toujours refusé de s’engager, chérissant par-dessus tout sa liberté. Malheureusement, la situation financière du jeune homme ne cesse de se dégrader. Othman doit chaque jour recevoir les nombreux créanciers qui font le siège de l’appartement. Helmy n’a plus le choix : il doit travailler et mettre en vente son appartement. Le duplex est aussitôt vendu à une jeune femme riche qui est fiancée à un ancien trafiquant de drogue. Helmy trouve aussi un emploi dans une société dirigée par l’un de ses anciens camarades de classe. Mais pour obtenir le poste, il doit être impérativement marié. Le directeur lui laisse 48 heures pour trouver une épouse. Helmy commence par se tourner vers ses anciennes maîtresses mais toutes refusent une union avec celui qui est désormais sans le sou…

Notre avis : un film de série B comme Farid Shawqi en a tourné un grand nombre dans les années soixante. Pour l’accompagner, deux actrices habituées aux seconds rôles mais ayant de l’abattage, Layla Taher et Soheir Zaki. Une comédie sympathique, sans prétention mais sans grand intérêt.


Samedi 24 février à 18h30

Histoire d’un Mariage d’Hassan EL Seifi (Hekayet Gawaz, 1964)
avec Soad Hosny (Adila Mansour), Shukry Sarhan (Mohamed), Mary Moneib (Aziza, la mère d’Adila), Amina Rizq (Karima, la mère de Mohamed), Hassan Youssef (Hassan Mansour), Hassan Fayek (Mansour), Amal Farid (Mona), Aziza Helmy (la mère de Mona), Seham Fathy (Seham), Kawthar Shafik (Kawthar), Soheir Zaky (danseuse), Baligh Habashy (docteur Shouqi), Engy Ismail (une amie d’Adila)
Scénario : Mohamed Othman
Production : Naguib Khoury Films


Mohamed est amoureux de sa voisine, Adila Mansour. Ils sont fiancés et Mohamed a hâte que le mariage soit célébré car c’est un homme très jaloux qui enrage de voir sa promise sortir seule dans des tenues légères. Hassan, le frère d’Adila lui aussi fréquente une jeune fille mais la mère de celle-ci s’oppose à cette union : elle souhaite que sa fille épouse son cousin, le docteur Shouqi. Pour Adila et Mohamed, le grand jour est arrivé. Ils se marient enfin. Leur bonheur est total mais une nouvelle vient tout bouleverser. Alors que la fête bat son plein, on apprend que Mohamed doit pour des raisons professionnelles s’installer au Mont Ataqah sur la Mer Rouge. La mère d’Adila refuse catégoriquement que sa fille suive son mari pour une destination si lointaine. Afin d’empêcher la consommation du mariage, la vieille femme s’installe dans la chambre des deux jeunes mariés qui devront passer leur première nuit séparés. Le lendemain matin, Mohamed se rend accompagné de sa mère chez ses beaux-parents pour chercher Adila mais sa belle-mère reste intraitable et entre eux le ton monte. La mère de Mohamed est bouleversée par la violence des échanges. Elle s’évanouit…

Notre avis : une comédie gentillette sur un thème rebattu : la tyrannie que les mères exercent sur leurs filles même après le mariage de celles-ci. Toute l’intrigue repose sur les stratagèmes mis en place par Adila et Mohamed pour échapper à la surveillance de la mère de la jeune fille. Et après bien des échecs, l’amour finira par l’emporter. Mais pour cela, il faudra que le père d’Adila enfin se dresse contre sa femme et lui ordonne de ne plus s’opposer au bonheur de leurs enfants. La morale est claire : quand l’homme s’en mêle, les choses s’arrangent. On pourra légitimement trouver cette morale « un peu » misogyne. A ce propos, on pourra aussi s’étonner qu’Adila ait choisi comme époux ce Mohamed qui est d’une jalousie maladive. Dans la première scène, alors qu’elle joue au tennis, il se précipite sur elle et lui prend violemment le bras car il ne supporte pas de la voir arborer une tenue aussi légère en public. Et dans l’une des dernière scènes, il la gifle car elle a osé danser avec un inconnu. Elle lui pardonne mais tout cela n’augure rien de bon ! Malgré ces réserves, on peut se laisser tenter pour Soad Hosny qui est parfaite dans ce rôle de jeune fille à l’aube de sa vie de femme.


Vendredi 23 février à 16h

L’Empire M de Hussein Kamal (emberatoriet mim, 1972)
avec Faten Hamama (Mona), Ahmed Mazhar (Ahmed Raafat), Dawlat Abyad (la grand-mère), Saif Abo El-Naga (Mustafa, le fils aîné), Ahmed Naguib (Mahmoud), Hisham Selim (Medhat), Ali Jawhar (Mohamed, le mari de Mona), Hayat Kandil (Madiha), Layla Hamada (Maha), Osama Aboul Fatah (Mamdouh), Fathia Shahine (l’amie de Mona), Hanem Mohamed (la nourrice)
D’après un roman d’Ihsan Abdul Quddus
Adaptation : Naguib Mahfouz
Scénario : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Tarik Sharara apparaît au générique comme le musicien chargé d’inclure dans la bande son des compositions d’origine « internationale ». En fait, il s’est contenté de reprendre pour le générique et toutes les scènes « sentimentales » un seul et même morceau extrait du film « L’Adieu à Venise » (titre original : Anonimo veneziano) réalisé par Enrico Maria Salerno en 1970. La partition est signée Stelvio Cipriani. Trop souvent, les producteurs et réalisateurs égyptiens ont eu tendance à considérer les BO des films étrangers comme des compositions libres de droit et ils ne prenaient même pas la peine de citer au générique le nom de leurs véritables auteurs.
L’Empire M a reçu en 1974 le prix du meilleur film au festival de cinéma du centre catholique.


Mona est une femme active qui appartient à la classe aisée. Elle travaille au ministère de l’éducation et depuis la mort de son mari, elle élève seule ses six enfants dont les prénoms commencent tous par M. Toute la famille vit dans une grande villa dans le quartier de Zamalek. Mona a peu de temps pour s’occuper de son propre bonheur. Pourtant un homme l’aime. C’est Ahmed Rafaat, un homme d’affaires qui est toujours en déplacement d’un continent à l’autre. A chaque fois qu’il revient au Caire, ils se revoient avec le même plaisir. Mona n’est pas insensible à son charme mais elle a toujours repoussé ses demandes en mariage. Enfin, un jour, elle finit par accepter l’idée d’une union. Elle présente Ahmed à ses enfants...

Notre avis : un film qui a eu un retentissement considérable lors de sa sortie. C’est d’abord le premier rôle marquant de Faten Hamama depuis son retour en Egypte (En 1966, elle avait quitté son pays et cessé de tourner lassée des pressions continuelles du pouvoir de l’époque. Elle ne reviendra qu’après la mort de Nasser.). Ensuite, Empire M a conquis le public et la critique en évoquant certaines réalités sociales de ce début des années soixante-dix : Faten Hamama incarne la femme moderne qui concilie responsabilités familiales et professionnelles, et pour la première fois, le cinéma égyptien montre des adolescents avec des problématiques de leur âge, des adolescents qui se révoltent contre une mère jugée trop autoritaire. Ces six frères et soeurs seraient aussi le symbole du peuple égyptien qui aspire à plus de liberté et souhaite plus de démocratie. On conviendra que cette dimension politique du film reste d’une brûlante actualité...


Jeudi 22 février à 14h

Layla dans les ténèbres de Togo Mizrahi (Leila fil zalam, 1944)
avec Layla Mourad (Layla), Hussein Sedky (Hussein), Anwar Wagdi (Samir, le cousin de Layla), Amina Rizk (la mère de Layla), Menassa Fahmy (le père de Layla), Abdel Meguid Choukry (le père de Hussein), Rafeaa El Shal (la mère de Hussein), Hassan Fayek (le cuisinier),  Abdel Salam El Nabolsi (un soupirant de Layla), Mahmoud El Meleigy (l’ophtalmologue), Thuraya Fakhry (la nourrice)
Scénario : Togo Mizrahi
Inspiré du film américain Elle et Lui (Love Affair, 1939) de Leo Mc Carey
Musique : Mohammed Al-Qasabji
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Maamoun El-Shenawy et Zaki Ibrahim
Production : Bahna Films

Le cinquième et dernier film que Layla Mourad tourne avec Togo Mizrahi. La série de Layla se poursuivra néanmoins dès l’année suivante avec à la réalisation Anwar Wagdi devenu entretemps le mari de la chanteuse.


Layla et Hussein sont deux enfants qui se fréquentent régulièrement. Leurs parents sont de grands propriétaires terriens qui font des affaires ensemble. Quand le film commence, les parents de Layla ont invité ceux de Hussein à une grande fête donnée dans leur château. Tous les enfants jouent dans le parc. Hussein et Layla se sont isolés et pour lui signifier son amour, le garçonnet offre à la fillette une rose rouge. Malheureusement, après le déjeuner, des fermiers font croire au père de Layla qu’il a été trahi par son partenaire, le père d’Hussein. La rupture est immédiate : le garçon et ses parents doivent quitter le domaine sur le champ. Les années passent. Layla est devenue une séduisante jeune fille. Son cousin, Samir, qui rentre d’un voyage en Europe souhaiterait l’épouser. Layla décline l’offre du jeune homme car son cœur appartient toujours à Hussein qu’elle n’a pourtant pas vu depuis des années…

Notre avis : ce film connut un succès considérable comme les quatre autres Layla qui l’avaient précédé. Togo Mizrahi a excellé aussi bien dans la comédie que dans le drame et ce mélodrame en est une preuve supplémentaire. L’intrigue -une jeune femme qui au moment où elle retrouve celui qu’elle a toujours aimé perd subitement la vue- pouvait se prêter à tous les excès et on frémit à l’idée de ce qu’aurait pu en faire un cinéaste moins doué. Mais ici tout est maîtrisé, le récit comme la prise de vues ou le jeu des acteurs. Layla Mourad nous montre encore une fois qu’elle fut à la fois une chanteuse exceptionnelle et une très grande actrice (voir la scène où Layla découvre qu’elle est devenue aveugle).


Mercredi 21 février à 22h

Le Vieil Adolescent de Mahmoud Zulficar (El morahek el kabir, 1961)
avec Hind Rostom (Sonia), Imad Hamdy (Ahmed), Hussein Aser (Fadel, le régisseur de la propriété d’Ahmed) ; Hussein Ismaël (le secrétaire d’Ahmed), Zizi El Badraoui (Nadia, la fille de Fadel), Youssef Fakhr El Din (Adel, le fils de Fadel et l’assistant d’Ahmed), Nazim Sharawy (Ali), Shahira Kamal (Doria, la femme d’Ali), Samar Atia (Nani), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur), Aida Helal (Zinat), Madiha Salem (Soad, la fiancée d’Adel), Kamal Hussein (docteur Medhat)
Scénario : Mahmoud Zulficar et Mohamed Abou Youssef
Production : les films de l’âge d’or


Ahmed Kamal est devenu très célèbre grâce aux conférences radiophoniques qu’il consacre à l’amour. S’il fait l’éloge de la passion amoureuse, du mariage et de la famille, il rejette tout cela dans sa vie privée. A quarante-cinq ans, il multiplie les aventures amoureuses et trouve ses maîtresses parmi ses innombrables admiratrices. Sonia, une danseuse, le connaît depuis dix ans et rêve de se marier avec lui. Elle voit d’un très mauvais œil toutes ces jeunes femmes tourner autour d’Ahmed et elle est bien décidé à ne pas se laisser oublier. Un soir, Nani, une amie, se présente au domicile du coureur de jupons en compagnie de Zinat, une admiratrice qui rêvait de le rencontrer. Nani les laisse seuls et Ahmed entreprend de séduire la jeune femme. Au moment même où ils s’embrassent, Sonia entre dans l’appartement et chasse Zinat. Mais cette dernière ne s’avoue pas vaincue : le lendemain, elle téléphone à Ahmed qui l’invite à se rendre en sa compagnie dans le domaine qu’il possède à la campagne. A leur arrivée, ils sont accueillis par le régisseur et sa fille, Nadia. Cette dernière est folle de joie et elle se comporte avec Ahmed d’une manière si familière que Zinat en est quelque peu froissée. Par respect des convenances, le séducteur fait passer sa nouvelle conquête pour sa secrétaire…

Notre avis : une comédie sentimentale qui réunit Hind Rostom et Imad Hamdy. Malgré leur différence d’âge (le second a vingt-deux ans de plus que la première !), cela fait près de quinze ans qu’ils se retrouvent régulièrement sur des tournages et dans ce film, leur complicité est évidente. Cela ne suffit pas à faire de ce Vieil Adolescent une comédie accomplie. Imad Hamdy joue dans un registre qui n’est pas le sien et on sent dans son jeu une certaine maladresse. Hind Rostom est plus convaincante dans son rôle de femme hargneuse et énergique. Dommage qu’au tout début du film, elle exécute un numéro de danse où elle pousse le mimétisme avec Marilyn Monroe beaucoup trop loin pour ne pas sombrer dans le ridicule.


Mardi 20 février à 14h

La Fille du Music-hall de Mahmoud Zulficar (Fatat El Esste'rad, 1969)
avec Soad Hosny (Fayza), Hassan Youssef (Ahmed Alawi), Fifi Youssef (la mère d’Ahmed), Adel Imam (Fahmy, l’assistant d’Ahmed), Farouk Falawkas (le serviteur d’Ahmed), El Sayed Radi (le metteur en scene), Aleya Abdel Moneim (la mère de Fayza), Hamed Morsi (le professeur de chant), Abdel Moneim Madbouly (lui-même), Atef Makram (le frère de Fayza)
Scénario : Mohamed Abou Youssef
Adaptation du Milliardaire de Georges Cuckor (1960)
Musique : Mounir Mourad
Production : Abbas Helmy


Comédie musicale Ahmed Alawi a hérité de la fortune de son père et il mène une existence oisive et insouciante. Un jour il apprend dans un magazine qu’une compagnie de danse prépare un spectacle dans lequel on tournera en dérision sa vanité et son arrogance. Ahmed décide aussitôt de se rendre au théâtre qui héberge la troupe pour protester. Il tombe en pleine séance de travail : c’est Fayza, la vedette du spectacle qui répète l’un de ses numéros avec ses danseurs. Le riche héritier est subjugué par la beauté de la jeune artiste. Pour la séduire, il va cacher sa véritable identité…

Notre avis : tenter de faire un remake ou même une adaptation du « Milliardaire » est forcément une opération à haut risque. N’est pas Marilyn Monroe ou Yves Montand qui veut. Contre toute attente, cette « Fille du Music-Hall » n’est pas indigne de son célébrissime modèle et c’est essentiellement grâce au talent et au charme de Soad Hosny. Précisons tout de même que sa prestation n’atteint pas le niveau de celle qu’elle donnera en 1972 dans la comédie musicale « Méfie-toi de Zouzou. ». Cela dit, le point faible de ce film reste Hassan Youssef : difficile de faire plus inexpressif dans le jeu.


Lundi 19 février à 14h

Nour Eddine et les trois marins de Togo Mizrahi (Nureddine wa bahhara el talata, 1944)
avec Zouzou Nabil (Kahramana), Ali Abd El Al (Abdel Aal), Ali Al-Kassar (Othman), Ismaïl Yassin (Ismaïl), Thuraya Fakhry (la gouvernante de la princesse Shams), Mahmoud El-Meleigy (le médecin), Reyad El Kasabgy (le pilote du navire), Leila Fawzi (Princesse Shams), Zakeya Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Wedad Hamdy (la suivante de la princesse Shams), Ibrahim Hamouda (le prince Nour Eddine), Eglal Zaki (la femme d’Othman)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Riad El Sonbati et Ibrahim Hamouda
Production : Bahna Films


Othman est un modeste boulanger qui n’ a aucun sens des affaires. Pour le seconder, il a deux employés, Ismaïl et Abdel Aal dont la naïveté n’a d’égale que l’incompétence. Les dettes s’accumulent, ce qui rend folles de rage l’épouse d’Othman et sa belle-mère. Pour échapper aux récriminations des deux femmes et aux réclamations des créanciers, le pauvre boulanger et ses deux employés ont décidé de se suicider. Ils se rendent au port avec le projet de se jeter à l’eau mais celle-ci est vraiment trop froide. Ils préfèrent remettre leur projet au lendemain et ils s’endorment sur le port. Entretemps un vaisseau luxueux a accosté non loin de l’endroit où nos trois suicidaires se sont assoupis. Ce navire appartient à un prince qui parcourt les mers à la recherche de la femme qu’il aime et qu’il n’a rencontrée qu’en rêve. Le pilote du bateau est bien embêté car pour pouvoir reprendre la mer, il lui faut engagé trois marins supplémentaires. Quand il découvre Othman et ses deux compagnons sur le port, il leur propose aussitôt d’embarquer. Nos trois héros acceptent et ils sont présentés au prince avec qui ils sympathisent immédiatement. Le vaisseau peut reprendre la mer…
Le dernier film qu’Ali Al Kassar tourne avec Togo Mizrahi.

Notre avis : c’est le troisième film de Togo Mizrahi inspiré des contes des mille et une nuits ou autres légendes orientales. Une nouvelle fois, le réalisateur juif d’origine italienne rend hommage au patrimoine littéraire de son pays (Il en sera mal récompensé : bien que né à Alexandrie, Togo Mizrahi devra quitter l’Egypte en 1948.). Un très beau spectacle avec des décors et des costumes particulièrement soignés. Le trio comique formé par Ali Al Kassar, Ali Abd El Al et Ismaïl Yassin fonctionne à merveille.


Dimanche 18 février à 16h

La Mariée du Nil de Fateen Abdel Wahab (A'roos El Nil, 1963)
avec Loubna Abdel Aziz (Hamis, la mariée du Nil), Rushdy Abaza (le géologue Sami Fouad), Shweikar (Didi, la fiancée de Sami), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, le collègue de Sami), Fouad Shafik (Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités), Abdel Khalek Salah (le président de la société pétrolière), Esmat Mahmoud (Layla, l’assistante du docteur Hassan), Hussein Ismaïl (Rashwan, le chef de chantier), Farhat Omar (Docteur Chedid)
Scénario : Kamel Youssef et Saad Eddin Wahba
Sur une idée de Loubna Abdel Aziz
Musique : Ali Ismaïl, Abdul Hamid Abdul Rahman, Ahmed Shafek Abou Auf
Production : Ramsès Naguib


Comédie. Sami est un géologue qui s’installe pour quelque temps à Louxor afin de superviser le forage d’un puits de pétrole en plein milieu d’un site archéologique. Dès sa première journée de travail, il doit affronter le Docteur Hassan, inspecteur des Antiquités ainsi que son assistante. Les deux personnages tentent de dissuader Sami d’entamer son œuvre de destruction et le menacent d’en informer le ministère. Le lendemain, un autre souci attend le géologue : les ouvriers refusent de continuer à creuser ; ils craignent d’abîmer les tombes qui sont dans le sous-sol et d’être ensuite frappés par la malédiction du Pharaon. Et dernier désagrément : une femme du temps des Pharaons apparaît au milieu des ruines. Seul, Sami peut la voir. Cette séduisante personne est venue du monde des morts pour empêcher tout forage sur le prestigieux domaine construit par ses ancêtres. Elle entreprend de rendre la vie impossible au géologue…

Notre avis : on trouvera bien des analogies entre cette "Mariée du Nil" et la comédie musicale d’Henry Barakat "Mademoiselle Diablesse" qui date de 1949. Dans ces deux films, un fantôme féminin ayant vécu à une époque très reculée s’amuse à perturber l’existence d’un homme d’aujourd’hui. Si "Mademoiselle Diablesse" est un chef d’œuvre, il n’en est pas de même pour le film de Fateen Abdel Wahab qui reste néanmoins un agréable divertissement avec un message estimable : l’Egypte ne doit pas sacrifier son patrimoine exceptionnel au nom d’impératifs économiques et industriels.


Samedi 17 février à 22h

Bakhit et Adila de Nader Galal (Bakhit wa Adila , 1995)

avec Adel Imam (Bakhit), Sherine (Adila), Mustafa Metwalli (le gangster), Hanem Mohamed (la mère de Bakhit), Othman Abdel Moneim (Sandouq, le père d’Adila), Kawthar Ramzi (Sakina, la belle-mère d’Adila), Mohamed Henedy (le chauffeur de taxi), Ezzat Abou Ouf (l’homme d’affaires), Ahmed Rateb (le cousin d’Adila), Hassan Hosny (le directeur de la banque), Youssef Dawood (le directeur de l’hôtel)
Scénario : Lenin El Ramli
Musique : Modi El Emam


Bakhit et Adila se retrouvent dans le même train, assis côte à côte. Le sans gêne du premier exaspère la seconde et entre eux, le ton monte très rapidement. Dans le même compartiment, a pris place un trafiquant de drogue qui transporte dans une grande valise de l’héroïne et une grosse somme d’argent. Se sachant poursuivi par la police, il pose sa valise parmi les bagages de Bakhit et Adila pensant la récupérer à l’arrivée. Manque de chance, il est arrêté sur le quai de la gare et conduit au commissariat. Pendant ce temps-là, Bakhit et Adila ont confié leurs bagages au même porteur et ils se retrouvent dans le même taxi qui les conduit à leurs destinations respectives situées dans le même quartier. Bakhit retrouve son appartement qu’il occupe avec sa mère et Adila celui de son père et de sa belle-mère. Très vite, ils s’aperçoivent qu’il y a une valise qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Ils décident de l’ouvrir et découvrent avec stupéfaction son contenu. Après avoir hésité longuement, ils décident de la remettre à la police puis se ravisent : ils vont la garder. Ils quittent Alexandrie et s’installent dans un hôtel de luxe au Caire pour enfin mener la belle vie. Mais loin de les réunir, leur bonne fortune commune accroît l’animosité et la méfiance entre Bakhit et Adila…

Notre avis : ce film aura un tel succès que le réalisateur lui donnera deux suites. Des trois, ce premier opus est le plus réussi. On suit avec plaisir les tribulations d’un couple dont l’union ne repose que sur l’argent et qui ne cesse de se déchirer pour mieux s’aimer. Une comédie loufoque où tout semble possible, les auteurs ne se sont rien interdits et les deux acteurs principaux peuvent donner libre cours à leur fantaisie. Avec la délicieuse Sherine qui rend coup pour coup (au propre comme au figuré ) à Adel Imam d’un cynisme jubilatoire.


Vendredi 16 février à 18h30

Le Rivage de la Gaieté de Houssam Al Din Mustafa (Chatei el Marah, 1967)
avec Nagat El Saghira (Norah), Hassan Youssef (Houssam), Youssef Fakhr El Din (Hamada), Samia Shokri (Riri), Samir Ghanem (ami d’Houssam), George Sedhom (ami d’Houssam), El Deif Ahmed (ami d’Houssam), Abdel Moneim Madbouly (le professeur Raafat), Nahed Yousri (Nahed), Shahinaz Taha (Salli, la sœur de Norah), Sanaa Mazhar (Sanaa, l’amie d’Hamada), Mimi Chakib (Aziza, la femme du professeur), Adly Kasseb (le père d’Houssam)
Scénario et dialogues : Abdel Fattah El Sayed et Adli El Moled
Musique : Mohamed Abdel Wahab

Le Rivage de la Gaieté est une adaptation de La Stripteaseuse effarouchée (Girl Happy), un film américain réalisé en 1966 par Boris Sagal avec en vedette Elvis Presley.

Une curiosité : dans l’une de leurs chansons, les Trois Lumières du Théâtre (Samir Ghanem, George Sedhom, El Deif Ahmed) reprennent le refrain de Can’t Buy Me Love des Beatles.

Le film sort en avril 1967. La guerre des six jours éclate deux mois plus tard. En septembre, Ismalïa est soumise à des bombardements intensifs causant de lourdes pertes parmi la population civile. Le Rivage de la Gaieté est devenu le Rivage de la Mort.


Comédie musicale. Un professeur laisse ses deux grandes filles, Norah et Sally, partir seules pour quinze jours de vacances à Ismaïlia avec leur club. Craignant pour leur vertu, l’universitaire demande à Houssam, le fils de son meilleur ami, de les accompagner pour les surveiller discrètement. Le jeune homme qui est musicien accepte la mission. Il se rend à Ismaïlia avec les trois membres de son groupe. Le voyage est long et pénible car leur vieux tacot tombe constamment en panne. Une fois arrivés, les quatre garçons s’installent dans le même hôtel que Norah, Sally et leurs camarades. Ils ont obtenu un logement gratuit, en échange, ils doivent se produire en soirée devant les clients de l’établissement. Mais Houssam n’oublie pas sa mission. Avec ses camarades, il part aussitôt à la recherche des deux sœurs et il ne tarde pas à découvrir que Norah est courtisée par Hamada, un incorrigible coureur de jupons. Celui-ci est très vite parvenu à gagner l’amitié de la jeune fille…

Notre avis : un film à destination des adolescents. Dans une ambiance « yéyé », on flirte, on chante et on danse en maillot de bain sur la plage, loin des parents restés au Caire (à noter qu’on retrouve tous ces ingrédients ainsi qu’une partie des acteurs dans le film de Niazi Mustafa, "Une Jeunesse Très Folle", sorti la même année). Un divertissement bon enfant même si les gags des Trois Lumières du Théâtre nous semblent parfois bien laborieux. Mais ce qu’on retiendra de ce film ce sont avant tout les très belles chansons interprétées par Nagat El Saghira et composées par Mohamed Abdel Wahab. Rien que pour cela, ce "Rivage de la Gaieté" mérite d’être vu.